Les neurosciences cognitives, victimes de leur succès

🔵 On les a mis, sans toujours l’expertise nécessaire, à toutes les sauces, parfois fantaisistes, comme avec les concepts de neuro-management, le neuro-coaching.

🔴 Elles ont pu être utilisées aussi pour justifier une approche mettant l’accent sur la responsabilité individuelle (mon cerveau) plutôt que sur le collectif ou le systémique.

✅ Il est salubre de lire, en réaction, l’ouvrage au titre évocateur ‘’Neuromania’’ (Allary Editions) que vient de publier. Le neuropsychologue clinicien Albert Moukheiber qui remet les pendules à l’heure (https://lnkd.in/ehsqiWfi)

✅ Il remet en question cette idée que ‘’tout, ou presque, semble trouver son explication dans le cerveau’’. Pour lui, en effet, ‘’le cerveau n’est pas le bon niveau explicatif pour beaucoup de nos comportements individuels et collectifs’’. C’est plutôt ‘’le résultat d’une triade cerveau – corps – environnement’’.

✅ De surcroît, ajoute, t-il, ‘’nous savons encore si peu sur ce qu’est notre cerveau’’.

Dans ce livre particulièrement éclairant, sur une discipline complexe, Moukheiber déconstruit plusieurs idées reçues qui continuent d'influencer notre compréhension des neurosciences :
➡ La distinction entre le cerveau droit (émotionnel) et le cerveau gauche (rationnel)
➡ la théorie des 3 cerveaux reptilien (instincts), limbique (émotions) et néocortex (raison)
➡ la correspondance entre émotions et des zones prédéterminées du cerveau alors que celui ci fonctionne en réseau

Au passage, il écharpe aussi certains tests de Personnalité, comme le MBTI, dénués de tout fondement scientifique.

▶ Cela dit, la contribution des neurosciences à la psychologie cognitive et comportementale a été d’ores et déjà très importante et il ne faudrait pas ‘’jeter le bébé avec l’eau du bain’’. Parmi les avancées notables, on peut citer:
➡ la notion de ‘’plasticité cérébrale’’
➡ l’imbrication des émotions et de la raison mise en avant par A Damasio
➡ une meilleure compréhension du stress et des émotions
➡ Les mécanismes de l’’attention, la mémoire, le traitement de l’information et la prise de décision
➡ l’identification des biais cognitifs
➡ l’analyse des motivations et de l’engagement

Mais tout ne saurait découler du cerveau. ‘’Je ne suis pas mon cerveau’’ comme le rappelle l’auteur.

Les neurosciences ont certainement beaucoup à apporter. Mais elles ne doivent pas exagérer leur importance au risque d’apparaitre comme ‘’un gros klaxon, avec un petit moteur’’.

En tous cas, Neuromania, c’est à lire !

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