La culture du bonus dans la Finance

Les banques d’investissement et la Finance ont usé (abusé) de la carotte du bonus, héritée des salles des marchés,  pour motiver leurs troupes.

Et ça marche, comme en témoigne la frénésie qui entoure le B(onus) day. Au-delà de l’argent, c’est un signe de reconnaissance essentiel dans un univers qui en est avare.

Pourtant, on l’a souvent dit, l’argent (motivation extrinsèque) rend ‘’motivable’’, pas motivé. C’est une des grandes faiblesses de la politique de la carotte.

Il est d’ailleurs dommageable de ne pas s’appuyer plus sur des éléments de motivation intrinsèques, le goût et la passion des Financiers pour leurs métiers, qui sont à la fois techniques, en relation avec des clients,  et qui vivent au gré des pulsations du vaste monde. Or il est bien établi que les éléments de motivation intrinsèque apportent plus de satisfactions et de bien être que les éléments extrinsèques  (argent / statut) dont le risque est d’encourager une culture de calcul, voire de mercenariat.

De surcroit, autre archaïsme, les bonus viennent très largement récompenser des performances individuelles dans un univers qui prône pourtant la coopération et le collectif.

Pourquoi ce hiatus ?

C’est une sorte de ‘’memento mori’’ et le rappel du contrat implicite : le bonus va  avec le risque de se voir signifier la porte de sortie, sans trop de ménagements, , dans une industrie financière hautement cyclique , si la performance individuelle ou de la firme n’est plus au rendez-vous. C’est le bâton. Ce qui entretient un climat d’insécurité ( voir l’éloquent sondage ci-dessous) préjudiciable à la coopération et à l’efficacité collective.

Les banques européennes, toutefois, ont toujours été moins court- termistes et brutales que les anglo-saxonnes, qui versent, il est vrai, des bonus d’une autre ampleur, du fait de la régulation et aussi de leur culture de banques universelles.

La finance ne vit pas hors du monde et a dû s’acclimater, fut ce à son corps défendant, au travail hybride, au refus des trop longues heures de travail, au souci d’éthique et à la quête de sens,  à l’évolution des pratiques managériales.

Il n’est pas facile d’échapper à son ADN et à son univers concurrentiel.

Des progrès sont faits néanmoins. Mais il faut aller plus loin dans l’aggiornamento.

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